Je ne crois qu'au fleuve vie, je ne veux être que les flots de ce fleuve
Alain Fournier
Billet d’Humeur
Droiteval : Une histoire étroitement liée à cette terre des basses Vosges et à ses habitants….
Abbaye de moniales, puis Prieuré, Droiteval abrita un court moment une verrerie et puis surtout une forge qui, reprise par un industriel, Jean Baptiste Jacquinot, devint, au milieu du 19ème siècle un petit centre sidérurgique dynamique et prospère ‘’ un Petit Creusot’’ que la révolution industrielle au Nord de la Lorraine fera malheureusement péricliter
écembre 2009 : Une hanche pour les anches...
Reconstruire la magie de Droiteval
euf siècles d’histoire(s) en péril
Mon grand père, Louis Tinchant, fils de paysan, autodidacte et fin lettré, crée au début du siècle dernier l’un des premiers réseaux électriques en installant des turbines à la place des anciens moulins.
Entreprenant et courageux, il rachète en 1905 Droiteval abandonné et restaure le domaine, la maison de maitre, le prieuré et la chapelle romane presque complètement effondrée.
Aujourd’hui, il repose avec son épouse à l’ombre tutélaire des sapins, à quelques pas de ce bel édifice qu’il sauva de la ruine avec amour et acharnement …
A partir de 1960 et pendant près de 50 ans, c’est avec la même opiniâtreté que sa fille Marguerite, ma mère va s’ingénier avec des moyens financiers trop limités à préserver l’intégralité de la propriété.
Elle passera des années à l’entretenir en s’investissant physiquement, tous les jours, dans l’entretien des pelouses, des bois, des murs et autres tâches que l’on dit réservées aux hommes !
Il y a encore peu, il n’était pas rare de la voir tondre les pelouses sur son petit tracteur, un chapeau de paille sur la tête dans la touffeur de nos étés vosgiens.
Et puis il y a eu la nuit du 31 Mai 2008…
Cette nuit là, un orage s’abat sur les cantons de Darney et de Monthureux sur Sâone et se déchaine sur une dizaine de communes faisant des dégâts considérables, il n’épargne pas Droiteval envahi par les eaux qui se faufilent partout et laissent au petit matin un paysage apocalyptique : murs abattus, cratères, jardins dévastés, arbres arrachés, fontaines démolies, seule la maison blessée dans ses entrailles est debout, comme fantomatique ….
Les gens de la région accourent pour voir Droiteval défiguré et nous apporter toute leur sympathie; ils affectionnent particulièrement cet endroit, lieu de promenade, de paix et de rencontres aussi, les pouvoirs publics s’émeuvent également, une association de soutien se crée mais nous restons confiants ! Il faut attendre le classement en catastrophes naturelles qui intervient rapidement et puis l’évaluation du sinistre …
Les jours s’écoulent , l’hiver passe, le printemps arrive : Droiteval semble figé depuis bientôt un an, la végétation est maitresse des lieux, l’étang exsangue s’est transformé en champ où poussent des arbres : le temps qui passe achève son travail mortifère …
La compagnie d’assurances décide de ne pas payer et de laisser la situation s’enliser : nous menons actuellement bataille avec, comme étendard, notre passion et notre bon droit, mais avec au cœur le désespoir de ce temps qui passe pour rien, des choses qui se gangrènent quand elles sont délaissées et de la dégradation peut être irréversible … Dégradation qui risque de rejaillir sur l’activité artistique et touristique de la région pour notre plus grande peine et celle de tous celles et tous ceux qui, un jour, au détour d’un virage, ont eu envie de s’arrêter pour écouter le silence et se laisser envahir par la magie des lieux...